Un miroir est un objet possédant une surface suffisamment polie pour qu'une image s'y forme par réflexion et qui est conçu à cet effet. C'est souvent une couche métallique fine, qui, pour être protégée, est placée sous une plaque de verre pour les miroirs domestiques (les miroirs utilisés dans les instruments d'optiques comportent la face métallique au-dessus, le verre n'étant qu'un support de qualité mécanique stable). En termes de miroiterie, le miroir est une glace de petit volume, c'est-à-dire de petites dimensions.
Les miroirs d'abord utilisés étaient très probablement des plans d'eau sombre et calme, ou de l'eau recueillie dans un récipient (tel Moïse qui fit un bassin d'airain avec les miroirs de femmes1). Les premiers miroirs fabriqués étaient des morceaux de pierre polie comme l'obsidienne, un verre volcanique naturel : les exemples les plus anciens d'obsidienne trouvés en Anatolie sont datés d'environ 6000 av. J.-C. Des miroirs plus réfléchissants en surface métallique polie furent ensuite conçus : miroirs en cuivre poli datés en Mésopotamie à partir de 4000 av. J.-C. et dans l’Égypte ancienne aux environs de 3000 ans av. J.-C. ; miroirs en bronze poli fabriqués en Chine à partir de 2000 ans av. J.-C.2.
Miroir en bronze doré décoré de Léda et le cygne, art romain, IIe siècle
Les Romains utilisaient principalement des miroirs en alliage d'étain (d'où le terme de tain pour désigner cette couche) et de cuivre, puis d'argent, mais aussi des miroirs en verre recouvert d'or ou de plomb fondu3. Les miroirs en alliage métallique s'oxydant rapidement, on y attachait une éponge pour les nettoyer et une pierre ponce pour les repolir.
Le miroir en verre évite ce défaut. Le moment de son apparition est mal connu et son existence durant l'antiquité est l'objet de débats4. Seuls deux auteurs évoquent un tel objet : Alexandre d'Aphrodisias au IIIe siècle et, avant lui, Pline l'Ancien qui évoque son invention à Sidon et ses « fabricants de verre » au Ier siècle mais les traces archéologiques font remonter les premiers exemplaires au IIIe siècle que l'on trouve essentiellement en Égypte, en Asie mineure, en Germanie et en Gaule, à Reims4. Il est alors constitué d'une plaque de verre dont la surface arrière était garnie d'une feuille de métal5 mais ils sont très petits - de 2 à 7 centimètres de diamètre - et s'apparentent davantage à des amulettes ou des éléments de parure4. La qualité médiocre de ceux-ci leur fera préférer les miroirs en métal pendant plusieurs siècles encore4.
Miroir en bronze, période des cinq dynasties (907-960), Chine, Musée de Suzhou.
Les Chinois ont commencé à faire des miroirs en utilisant des amalgames argent-mercure dès le Ve siècle6.
Au Moyen Âge, les miroirs sont sertis dans de petites boîtes à deux couvercles appelés « valves de miroir » qu'il faut dévisser pour voir le miroir7.
À la Renaissance, les fabricants européens mettent au point une méthode supérieure de miroir en verre recouvert d'un amalgame d'étain-mercure. La date exacte et le lieu de la découverte sont inconnus, mais Venise est réputée au XVIe siècle pour ses verreries utilisant cette nouvelle technique. Les miroirs et glaces de cette époque restent des produits de luxe.
La Manufacture royale de glaces de miroirs, futur Saint-Gobain, en est un fabricant important, de même que les verreries germaniques et de Bohême qui produisaient des miroirs à un coût moindre8.
L'invention du miroir argenté en verre est créditée au chimiste allemand Justus von Liebig en 1835 : l'amalgame d'étain-mercure étant toxique, il le remplaça par le dépôt d'une fine couche d'argent métallique sur le verre grâce à la réduction chimique du nitrate d'argent. Ce processus d'argenture a permis la fabrication en masse des miroirs et a rendu leurs prix abordables9.
Femme assise tenant un miroir. Grèce antique Céramique à figures rouges Lécythe, ca. 470–460 av. J.-C., Musée national archéologique d'Athènes
Dans les cultures rurales, le miroir a été longtemps un objet sans utilité vitale et par conséquent, relevant du luxe propre aux classes aisées. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, le paysan n'en possédait pas et n'en faisait habituellement usage que chez le coiffeur10. S'il était aisé, sa femme pouvait également se mirer à l'occasion de certaines emplettes (modiste). Ses compagnes moins fortunées devaient se contenter de fragments de miroir ou choisir un petit miroir dans l'éventaire d'un colporteur.
Encore, ces miroirs sont-ils de taille réduite et ne permettant pas de se voir aisément de la tête au pied11.
La hausse du niveau de vie a favorisé la commercialisation des miroirs, de tous types et dans tous les milieux. En se répandant ainsi, cet objet – ami de Narcisse – a participé à diverses modifications des mentalités, attitudes et comportements, en particulier dans le domaine de l'image de soi et de l'esthétique. Finalement, au cours du XXe siècle, les miroirs en pied sont devenus un élément standard de la chambre à coucher, puis une ou deux décennies plus tard de la salle de bains. Ces miroirs en permettant d'avoir une bonne idée de la façon dont les autres nous voient, vont être d'un usage quotidien en proportion de la préoccupation de l'image donnée, de la même manière que le miroir simple est utilisé pour le contrôle des soins cosmétiques du visage, particulièrement du maquillage. Intégré aussi intimement aux mœurs, le miroir ne peut qu'accélérer leur évolution et diffusion : ainsi, il permet aux individus de suivre les variations de la mode plus rapidement, jusqu'à influencer leur silhouette12.
Aujourd'hui, les miroirs sont le plus souvent produits par le dépôt sous vide (par PVD Physical Vapor Deposition ou CVD Chemical Vapor Deposition) ou par dépôt électrolytique sur une plaque de verre (plus ou moins épaisse, elle sert de support et de protection) d'une couche réfléchissante d'aluminium (plus rarement d'argent qui s'oxyde rapidement, ces miroirs modernes réfléchissant 80 % de la lumière totale) et d'une couche de cuivre ou de plomb (tain du miroir le rendant opaque).
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