Le Climat Solidaire

Auteur avatarL.lefebvre | Dernière modification 29/04/2025 par Claire.C

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Le jeu de rôle Le Climat Solidaire permet aux participants de comprendre les inégalités entre les pays et habitants en terme d'émissions et de vulnérabilité, puis de trouver des solutions pour gommer ces disparités, en faisant preuve de solidarité.


Cette fiche activité a été réalisé dans le cadre du Feder "Acculturation climatique", avec pour but de repenser les expériences des Petits Débrouillards avec un axe adaptation au changement climatique.
Licence : Attribution (CC-BY)

Introduction

Le jeu Climat solidaire permet aux participant.es de découvrir et proposer des solutions d'adaptation face au changement climatique, à échelle internationale, nationale et locale. Il s'agit d'une adaptation du jeu «  justice climatique » proposé par l'OCE que vous pourrez trouver ici : https://www.oce.global/sites/default/files/2023-04/D3%20FR%20L.pdf


La première partie du jeu dresse un état des lieux des inégalités mondiales en matière de ressources, de population et d’émissions de gaz à effet de serre. La deuxième partie invite les participant.e.s à corriger les inégalités en se montrant le plus solidaire possible.


Suivant le nombre de participant.e.s, le jeu peut se dérouler autour d'une table en version "plateau" ou en physique, en occupant un espace libre de 30 m² minimum. Pour un nombre égal ou supérieur à 12 participants, nous vous conseillons la version "physique" si vous en avez la possibilité. Le déroulé qui suit correspond à une version "physique", dans ce cas les continents sont représentés de manière schématique au sol, en respectant leur superficie. Pour une version plateau, vous pouvez utiliser comme support une carte du monde que vous placez au centre de la table.
  • Fichiers

Étape 1 - Observer les répartitions démographiques, de richesses, d’émissions et d'eau dans le monde (55min)

La première partie du jeu aide à comprendre comment les ressources (eau, richesses) et la population sont réparties de façon inégale à l’échelle mondiale. La répartition des pays émetteurs de CO2 leur permettra de comprendre que les personnes les plus vulnérables ne sont pas nécessairement les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, responsables de l’intensification des bouleversements climatiques.


Vous pouvez aider les participant.e.s en leur montrant les 5 camemberts “indices”, à chaque étape du jeu. Il faudra d’abord leur donner une version avec la répartition uniquement, sans les noms de continents, puis leur montrer une version avec les noms.


  1. La démographie (20min) Les participant.e.s sont invité.e.s à s'asseoir en cercle sur des chaises. Ils représentent les 8 milliards d'habitants sur Terre. Demander au groupe de se répartir sur les continents sans avoir connaissance de la répartition de la population. Discuter de la proportion réelle des habitants avec les participant.e.s. Pour les corrections, se référer au tableau des répartitions et au camembert. Pour une version plateau, vous pouvez utiliser des perles pour représenter la population.
  2. Les richesses (10 min)  : Chaque continent peut être dimensionné et délimité par un marquage à la craie en extérieur ou du scotch de masquage en intérieur. Les chaises représentent toutes les richesses de la planète. Les participants s’assoient sur une chaise dans chaque continent. Il est possible de discuter par groupe (continent) de la répartition des chaises (richesses) selon le continent. Les groupes peuvent échanger et disposer les chaises différemment selon les continents. Par ailleurs, les participant.e.s ne doivent pas changer de continent. Le camembert indice PIB pourra les aider. Replacer les chaises en s'appuyant sur la répartition réelle des richesses (PIB) à partir des données chiffrées. Pour une version plateau, vous pouvez utiliser des perles d'une autre couleur pour représenter les richesses.
  3. Les émissions (10 min) Faire la même chose avec les allumettes, qui représentent les émissions de CO2 émises par continent, cumulées depuis 1750. Les allumettes peuvent être de taille différente suivant le taux d'émission. Amener à réfléchir sur le taux d'émissions/personne (ex : la Chine émet plus que les États-Unis mais chaque chinois moins). Laisser les participant.e.s répartir les émissions, les aider avec le camembert indice « CO2 », et corriger ensuite.
  4. L’eau (10 min) Faire le même processus pour la répartition de l'eau dans le monde. Vous pouvez utiliser des gobelets ou des jetons « eau », selon le format d'animation que vous avez choisi. Le camembert « indice eau » pourra les aider.
  5. Bilan (5min)

Il sera important ici de montrer les inégalités entre pays occidentaux/pays du sud. De manière générale, les pays du sud émettent moins de CO2 et ont moins de ressources que les pays du nord, et inversement, les pays occidentaux émettent plus et ont plus de ressources.


Cependant, il est important de mettre l’accent sur les limites de l’échelle continentale : au sein des continents, chaque pays n’a pas accès aux mêmes ressources et n’émet pas la même chose que son pays voisin. Même chose à échelle nationale : les inégalités se ressentent entre habitant.es d’un même pays. Il est important d’apporter des nuances aux participant.es en s’appuyant sur des exemples (ex : en Inde, un homme d’affaire vivant dans une grande ville comme Chennai n’a pas les mêmes ressources qu’une villageoise dalit vivant près d’un cours d’eau) pour éviter les généralisations.


Après avoir observé les inégalités, l’enjeu sera de les atténuer. Une série d’événements climatiques (sécheresse, inondation, cyclone, etc.) surviendra au fil de la partie. L’objectif pour chaque continent est de mettre en place des solutions d’adaptation pour répondre aux enjeux du territoire, tout en favorisant la solidarité internationale.

Étape 2 - Atténuons les inégalités (1h05)

Dans l’étape 2, les participant.e.s sont invité.e.s à s’interroger sur les différents degrés de vulnérabilités dans le monde et sont encouragé.e.s à gommer ces différences en se montrant solidaires les uns envers les autres. Le jeu est collaboratif, chaque joueur.euse est guidé.e par un objectif commun : augmenter le seuil de solidarité globale.


1) Cartes personnages & présentation (15min)

Distribuer les cartes personnage. Chacune de ces cartes sera associée à un risque naturel. Laisser un temps aux participant.e.s pour s'approprier leur carte, regarder sur la carte du monde où se situe le pays. Constituer des sous-groupes de 5 ou 6 personnes de continents variés, pour échanger sur les risques de chacun.e. Cela permettra de comprendre les vulnérabilités différenciées selon les territoires. De nouveau réunis par continent, chaque groupe présente aux autres les aléas récurrents et le risque majoritaire identifié.


Questions à poser par l’animateur.trice :

- Vous considérez-vous plus ou moins vulnérables que les autres ?

- Disposez-vous de suffisamment de ressources ?

- Y-a t-il un risque récurrent dans votre groupe ?


2) Jeu : objectif, faire augmenter le seuil de solidarité globale (45min)


Le jeu se joue en 3 manches minimum. A chaque tour, les joueur.euse.s passeront par deux étapes : lancer le dé pour déclencher une catastrophe puis piocher deux cartes actions.

La solidarité sera encouragée, car à chaque action " solidaire" , le seuil de solidarité globale augmentera de 1. Pour cela, il sera possible, à partir de la deuxième manche :

- de donner une solution d'adaptation à un autre joueur de manière spontanée

- de donner une richesse à un autre joueur de manière spontanée

- de piocher une carte dette écologique et accepter de donner de l'argent

- de piocher une carte aide internationale et accepter de la jouer


L'objectif pour tous les joueurs est d'atteindre collectivement le plus haut seuil de solidarité (6). Chaque action “solidaire” prendra compte à la fin d’une manche et ne s’appliquera pas immédiatement, pour plus de réalisme dans l’application des actions. A la fin de chaque manche, faire un bilan des événements passés et évoquer des objectifs pour les manches suivantes. Chaque manche correspond à une décennie.


A chaque catastrophe naturelle, le seuil de nombre de victimes augmente de 1. Il faudra limiter le nombre de victimes en achetant des solutions d’adaptation pour protéger la population des aléas naturels.

Si des joueur.euse.s décident de ne pas mettre en place certaines solutions alors que le continent n’en est pas protégé, le jeton “satisfaction” sera placé sur la face “en colère”. Si les solutions sont mises en place, il sera retourné sur la face “satisfait”. Si le jeton est retourné 2 fois sur “en colère”, le seuil de solidarité globale baissera de 1.


Première partie : Lancer le dé catastrophe naturelle


Au début de chaque manche, chaque continent commence par lancer le dé, une fois. Selon le résultat du dé, un type de catastrophe naturelle surviendra sur leur continent (se référer au panneau « catastrophes naturelles » pour plus de simplicité) :

1 : en cas d'inondation, vous perdez une ressource en eau et ne pouvez pas rester sur la partie ouest de votre territoire pendant 2 tours, le temps de la reconstruction (zone peut être physiquement marquée)

2 : en cas de cyclone, une de vos richesses sera condamnée au prochain tour (zone peut-être physiquement marquée ou chaise consignée)

3 : en cas d'incendie, vous perdez une ressource en eau

4 : en cas de tremblement de terre, une de vos richesses sera condamnée au prochain tour pour reconstruire. Une personne sera isolée du continent pendant 2 tours.

5 : en cas de sécheresse, vous perdez une ressource en eau

6 : si vous faites 6, vous devez faire face au risque le plus élevé de votre continent.

Europe : inondation

Asie : inondation

Afrique : sécheresse

Amérique du nord : incendie

Amérique du sud : activité sismique

Océanie : cyclone


Au début du jeu, chaque continent fait face à une catastrophe naturelle, sans avoir de solutions d’adaptation. Ce n’est qu’au fil de la partie que les joueur.e.s seront en mesure de se protéger.


Deuxième partie : piocher deux cartes « actions »


Préparer le jeu de cartes « actions ».

Les joueur.euses de chaque continent sont invité.es à piocher deux cartes communes pour tout le continent au hasard à chaque manche. Ils.elles appliqueront leurs effets.


Il est à noter qu’une ressource perdue est retirée du jeu.

→ Si la carte « solutions » ne sert pas aux joueurs du continent, il peut la donner à un des participants présent sur autre continent ou la garder pour une prochaine manche. Pour utiliser une carte solution, le joueur doit disposer d'au moins une richesse sur son continent. Un autre joueur peut donner une richesse pour permettre à un autre d'utiliser sa carte solution d'adaptation. Les cartes solutions sont valables tout au long de la partie, sauf si le joueur.se choisit de la donner.

→ Les cartes « dette écologique » permettent de rééquilibrer les richesses. Le.la joueur.se peut accepter ou refuser de donner de l'argent. Au bout de 3 refus de la part de joueur.ses considéré.es comme étant peu vulnérables au changement climatique, le seuil de solidarité diminuera de 2.

Pour déterminer à qui il accepte de donner une richesse, les autres joueurs devront débattre et expliquer ce pourquoi ils ont besoin de cet argent.

→ Les cartes « aide internationale » incitent les joueurs à donner des ressources eau, richesses et solutions d'adaptation pour équilibrer le jeu. Cela permet aux participants de comprendre en quoi consiste la justice climatique et la solidarité. Vous pouvez choisir de ne pas la jouer.


Gestion des ressources : Les richesses condamnées pour une manche ou dépensées seront replacées sur le plateau de jeu à la manche suivante. Le continent produit des richesses au cours de la décennie, ce qui explique ce pourquoi l’argent dépensé est réinitialisé en début de manche.

L’objectif commun partagé par tous.tes les joueur.ses est d’atteindre le plus haut seuil de solidarité et de limiter le nombre de victimes du aux catastrophes naturelles.


Bilan (5min)

Constater les évolutions : la répartition des ressources monétaires et des ressources en eau ont-elles évoluées par rapport à l’état initial ?


Considérez-vous avoir été suffisamment solidaires pour gommer les inégalités ?

Il faudra rappeler ici que les Objectifs de Développement Durable (ODD) incluent la solidarité internationale comme principe fondamental pour relever les défis mondiaux. L'ODD 1 vise à éradiquer la pauvreté, l'ODD 2 lutte contre la faim et promeut l'agriculture durable. L'ODD 10 cherche à réduire les inégalités, et l'ODD 16 favorise la paix, la justice et les institutions efficaces. L'ODD 17 souligne l'importance des partenariats mondiaux pour atteindre ces objectifs. La solidarité internationale nécessite la coopération entre pays, institutions, ONG et acteurs privés. Elle est essentielle pour garantir un développement équitable et durable à l'échelle mondiale.

Comment ça marche ?

Observations : que voit-on ?

Nous constatons les inégalités environnementales en termes de richesse, de population mais également de responsabilité et de vulnérabilité.

  • Les pays riches émettent la plus grande partie des gaz à effet de serre et sont donc responsables d’une partie du changement climatique.
  • Les effets du changement climatique se ressentent particulièrement par les populations qui vivent dans les pays en développement.
  • Il existe des solutions à échelle internationale pour « rééquilibrer » (les effets ne sont que légers) les inégalités : on peut citer par exemple le principe de la dette écologique et l'aide internationale et humanitaire.

Mise en garde : qu'est-ce qui pourrait faire rater l'expérience ?

Mettre en garde les participant.es sur la gestion de la solidarité : s'ils sont trop solidaires, ils n'auront plus les ressources suffisantes pour les besoins de leur continent


Explications

  • Les inégalités se ressentent à échelle continentale, nationale mais aussi individuelle : deux individus d'une même région ne ressentira pas forcément les effets du changement climatique à la même intensité. Cela dépend souvent du niveau de vie des habitants et des moyens dont ils disposent pour faire face aux aléas climatiques. Le capital environnemental (accès aux ressources naturelles) est inégalement distribué selon le niveau de richesse d'un pays ou d'un habitant. Par exemple, certains auront accès plus facilement à la ressource en eau pour irriguer leur champs que d'autres.
  • On peut évoquer le racisme environnemental qui est un concept du mouvement pour la justice environnementale qui s'est développée aux États-Unis et à l'étranger dans les années 1970-1980. C'est une notion qui s'est développée avec le mouvement des droits civiques pour dénoncer les injustices environnementales que peuvent subir les populations racisées.
  • Les solutions d'adaptation sont très variables selon les pays et les coutumes ex : en France, beaucoup de barrages hydrauliques ont été construits pour palier les risques inondation (aujourd'hui, on se rend compte que ce type de solution nécessite un entretien très important et peut mettre en danger les populations en cas de rupture de barrage, puisque l'inondation se ressentira encore plus intensément). Au Pérou, certaines populations en montagne ont mis en place des filets permettant de piéger la rosée, car ils n'ont pas accès à l'eau à leur altitude. Au Nord de l'Inde, des communautés ont crée des stupas de glace (glaciers artificiels) permettant de stocker l'eau en été en amont des villages pour pouvoir irriguer leurs terres en été.
  • Pour en savoir plus, consulter le kit simulation cop climat p.44-48 : https://www.afd.fr/fr/ressources/simulation-dune-negociation-climatique-kit-pedagogique

Plus d'explications

  • La dette écologique est un principe qui peut permettre d'agir sur les inégalités environnementales à échelle globale. A titre d'exemple, la Cop29 à Bakou (Azerbaïdjan) a mis en lumière cet enjeu. Il a été soulevé l'importance de trouver un accord sur un nouvel objectif de financements des pays du Sud par les pays du Nord : 1 000 milliards de dollars par an (mise en place d'un nouveau fond pour les pertes et dommages).
  • Il existe des projets d'aide au développement portés par divers organismes (Agences, ONG...). Des appels à dons sont parfois lancés par l'aide internationale pour compenser les pertes et participer à la reconstruction en cas de catastrophe naturelle. Par exemple, on peut citer l'AFD (Agence Française du Développement) qui porte des projets d'aide au développement partout dans le monde.
  • On peut évoquer les efforts intergouvernementaux pour mettre en avant les effets du changements climatiques et les projections climatiques en fonction de nos émissions, et par régions du monde. A été crée en1988, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui observe les changements climatiques et alerte les politiques et populations sur ces évolutions.

Applications : dans la vie de tous les jours

Selon l'endroit où vous vivez et les ressources dont vous disposez, vous ne devrez pas mettre en place les mêmes mesures d'adaptation au changement climatique. Au bord de mer, il faudra réfléchir à l'adaptation de votre bâti face au risque de submersion marine. En zone sismique, il faudra se renseigner la localisation des abris anti-sismique ou parasismique à proximité de votre logement, mis à disposition par l’Etat. Si vous n'avez pas assez de ressources économiques, il existe des aides gouvernementales pour protéger son bâti à ces risques ex : Fonds Barnier pour le risque inondation. Ces mesures individuelles peuvent venir supporter les mesures gouvernementales plus importantes (plans d’évacuations, aménagements de protection, système d’alerte, etc.).

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Éléments pédagogiques

Objectifs pédagogiques

  • Appréhender le concept de responsabilité climatique
  • Comprendre par les sciences sociales les inégalités en matière de capital environnemental (accès aux ressources naturelles), d'exposition aux risques (les zones d'habitation sont plus ou moins exposées aux risques naturels selon leur emplacement géographique) et de ressources économiques pour mettre en place des solutions d'adaptation
  • Explorer différentes solutions d'adaptation innovations mises en place dans différents pays du monde

Pistes pour animer l'expérience

  • Laisser les enfants se placer et distribuer les éléments avant de leur donner les données chiffrées.
  • Favoriser l'entraide entre les joueurs → les participants sont amenés à aider les autres continents (via les cartes « dette écologique » et « aide au développement »).
  • Expliquer qu'il n'y a pas de gagnant ou de perdant : il s'agit d'un jeu collaboratif.

Sources et ressources


Dernière modification 29/04/2025 par user:Claire.C.

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